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LETTRES DE VOYAGE

étudié le mécanisme et l’organisation de l’armée italienne dans le peu de temps que j’ai passé en Italie, mais j’ai cependant observé autant qu’il m’a été possible de le faire. Il est généralement admis que les Piémontais font de bons soldats, mais il n’en est pas ainsi des Siciliens et des Italiens du Midi qui peuvent être très braves individuellement, mais qui sont parfaitement incapables d’être disciplinés. Les régiments que j’ai vu défiler n’avaient pas une apparence très formidable, il faut l’avouer ; mais dans la question de bravoure et de valeur personnelles, on sait que ce n’est ni l’uniforme ni la raideur automatique des mouvements qui font les bons soldats. Les officiers que l’on rencontre à chaque pas, dans la rue et dans les restaurants, sont un peu vêtus comme des brigands d’opéra-comique, enveloppés comme il le sont continuellement, dans d’immenses manteaux grisâtres, couleur de muraille, comme aurait dit Ponson du Terrail. Cette présence continuelle des officiers dans les rues, rappelle malheureusement un peu les officiers français avant la guerre de 1870, car il est élémentaire qu’un godelureau en uniforme qui se ballade sur l’asphalte pour lorgner les jolies femmes, ne