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bon. J’aurais bien voulu saisir mon couteau pour la couper, cette maudite queue, mais impossible d’y penser tant que la charogne se démènerait ainsi. À la fin, voyant qu’elle ne pouvait pas me faire lâcher prise, la voilà partie sur la route au triple galop, et moi par derrière, naturellement.



La bête à grand’queue


Je n’ai jamais voyagé aussi vite que cela de ma vie. Les cheveux m’en frisaient en dépit de la pluie qui tombait toujours à torrent. La bête poussait des beuglements pour m’effrayer davantage et, à la faveur d’un éclair, je m’aperçus que nous filions vers le pont de Dautraye. Je pensais bien à mon couteau, mais je n’osais pas me risquer d’une seule main, lorsqu’en arrivant au pont, la bête tourna vers la gauche et tenta d’escalader la palissade. La maudite voulait sauter à l’eau pour me noyer. Heureusement que son premier saut ne réussit pas, car, avec l’air-d’aller que j’avais acquis, j’aurais certainement fait le plongeon. Elle recula pour prendre un nouvel élan et c’est ce qui me donna