et la charrette qui se trouve sans dessus dessous. Il faisait une noirceur à ne pas se voir le bout du nez, mais en me relevant tant bien que mal, j’aperçus au-dessus de moi les deux yeux de la bête qui s’était arrêtée et qui me reluquait d’un air féroce. Je me tâtai pour voir si je n’avais rien de cassé. Je n’avais aucun mal et ma première idée fut de saisir l’animal par la queue et de me garer de sa gueule de possédé. Je me traînai en rampant, et tout en ouvrant mon couteau à ressort que je plaçai dans ma ceinture, et au moment où la bête s’élançait sur moi en poussant un rugissement infernal, je fis un bond de côté et l’attrapai par la queue que j’empoignai solidement de mes deux mains. Il fallait voir la lutte qui s’ensuivit. La bête, qui sentait bien que je la tenais par le bon bout, faisait des sauts terribles pour me faire lâcher prise, mais je me cramponnais comme un désespéré. Et cela dura pendant au moins un quart d’heure. Je volais à droite, à gauche, comme une casserole au bout de la queue d’un chien, mais je tenais
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