Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dire tout au long comment les choses se passèrent, mais mon défunt père finit par obtenir un rendez-vous, à quelques arpents du camp, sur le coup de minuit d’un dimanche au soir.

Il trouva bien l’heure un peu singulière et le jour un peu suspect, mais quand on est amoureux on passe par dessus bien des choses. Il se rendit donc à l’endroit désigné avant l’heure et il fumait tranquillement sa pipe pour prendre patience, lorsqu’il entendit du bruit dans la fardoche. Il s’imagina que c’était sa sauvagesse qui s’approchait, mais il changea bientôt d’idée en apercevant deux yeux qui brillaient comme des fi-follets et qui le fixaient d’une manière étrange. Il crut d’abord que c’était un chat sauvage ou un carcajou, et il eut juste le temps d’épauler son fusil qu’il ne quittait jamais et d’envoyer une balle entre les deux yeux de l’animal qui s’avançait en rampant dans la neige et sous les broussailles. Mais il avait manqué son coup et, avant qu’il eût le temps de se garer, la bête était sur lui, dressée sur ses pattes