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que c’était en temps d’élection et que j’avais pris un coup de trop du whiskey du candidat de ce temps-là. Eh bien ! arrêtez un peu, je n’ai pas fini et j’en ai une autre que mon défunt père m’a racontée, ce soir-là, en montant à Montréal à bord de son bateau. C’est une histoire qui lui est arrivée à lui-même et je vous avertis d’avance que je me fâcherai un peu sérieusement si vous faites seulement semblant d’en douter.

Mon défunt père, dans son jeune temps, faisait la chasse avec les Sauvages de Saint-François dans le haut du Saint-Maurice et dans le pays de la Matawan. C’était un luron qui n’avait pas froid aux yeux et entre nous, j’peux bien vous dire qu’il n’haïssait pas les sauvagesses. Le curé de la mission des Abénakis l’avait averti deux ou trois fois de bien prendre garde à lui, car les sauvages pourraient lui faire un mauvais parti, s’ils l’attrapaient à rôder autour de leurs cabanes. Mais les coureurs des bois de ce temps-là ne craignaient pas grand chose et, ma foi, vous autres, les godelureaux de Montréal,