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IV


Macloune qui ne causait guère que lorsqu’il y était forcé par ses petites affaires, ignorait tous les complots que l’on tramait contre son bonheur. Il vaquait à ses occupations selon son habitude, mais chaque soir, à la faveur de l’obscurité, lorsque tout reposait au village, il montait dans son canot et traversait à la « Petite-Misère », pour y rencontrer Marichette qui l’attendait sur la falaise afin de l’apercevoir de plus loin. Si pauvre qu’il fût, il trouvait toujours moyen d’apporter un petit cadeau à sa bonne amie : un bout de ruban, un mouchoir de coton, un fruit, un bonbon qu’on lui avait donné et qu’il avait conservé, quelques fleurs sauvages qu’il avait cueillies dans les champs ou sur les bords de la grande route. Il offrait cela avec toujours le même :



Elle l’attendait, sur la falaise afin de l’apercevoir de plus loin.


― Bôjou Maïchette !

― Bonjour Macloune !

Et c’était là toute leur conversation. Ils s’asseyaient sur le bord du canot que Macloune avait tiré sur la grève et ils atten-