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de souliers et d’une robe d’indienne à ramages, qu’il apporta un jour de Montréal et qu’il offrit timidement à la pauvre fille, en lui disant, dans son langage particulier :

― Robe, mam’selle, souliers, mam’selle. Macloune achète ça pour vous. Vous prendre, hein ?

Et Marie Joyelle avait accepté simplement devant le regard d’inexprimable affection dont l’avait enveloppée Macloune en lui offrant son cadeau.

C’était la première fois que la pauvre Marichette, comme on l’appelait toujours, se voyait l’objet d’une offrande qui ne provenait pas d’un sentiment de pitié. Elle avait compris Macloune, et sans s’occuper de sa laideur et de son baragouinage, son cœur avait été profondément touché.

Et à dater de ce jour-là, Macloune et Marichette s’aimèrent, comme on s’aime lorsqu’on a dix-huit ans, oubliant que la nature avait fait d’eux des êtres à part qu’il ne fallait même pas penser à unir par le mariage.

Macloune dans sa franchise et dans sa