Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cheron, poussé par la curiosité, avait voulu savoir ce qui se passait d’étrange dans la « cabane à sucre » du père Marion. Bon gré, mal gré, il nous fallut ouvrir et nous nous trouvâmes en présence d’un homme jeune encore qui portait le costume « d’étoffe du pays » des fermiers canadiens. Il nous fut facile de voir, du premier coup d’œil, que nous n’avions pas affaire à un homme de peine, mais plutôt au fils d’un fermier des environs. Le jeune homme s’excusa de nous avoir ainsi dérangés, mais il avait vu la fumée de la cabane et comme nous étions en décembre et qu’il faisait froid, il était venu nous demander le privilège de se réchauffer auprès de notre feu. Force nous fut de le recevoir aussi cordialement que possible, et comme il ne nous posa pas de questions indiscrètes, nous résolûmes d’attendre l’arrivée du père Marion qui devait nous visiter le soir même, pour lui faire part du voisinage des bûcherons et de la visite du jeune homme. Il était passé minuit, lorsque le père Marion frappa à la porte de la cabane. Nous lui racontâmes en détail, la nouvelle importante de la présence des étrangers et le vieillard hocha la tête d’une manière qui fit croître nos appréhensions.

— Ce jeune homme que vous avez vu, nous dit le père Marion, doit être le fils Montépel de La-