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Les patriotes se battirent comme des lions, mais la lutte était inégale, et le nombre, la discipline et les armes supérieures des troupes anglaises eurent bientôt raison de cette poignée de braves. Les Anglais campèrent cette nuit-là dans l’église de Saint-Charles et célébrèrent leur victoire par une orgie. Les chefs canadiens, Brown, Gauvin, Marchessault et Desrivières parvinrent à s’échapper et à gagner Saint-Denis où ils apportèrent la nouvelle du désastre. Les patriotes avaient perdu plus de quarante tués, trente blessés et trente prisonniers. Le découragement s’était emparé des paysans et la défaite de Saint-Charles avait détruit l’enthousiasme créé par la victoire de Saint-Denis. Les chefs poursuivis et traqués par la police anglaise s’enfuirent aux États-Unis. Ceux qui furent arrêtés montèrent sur l’échafaud pour payer de leur tête le « crime » d’avoir voulu résister à l’oppression britannique. C’est alors que commença cette chasse à l’homme qui dura pendant un an et qui eut pour résultat de semer la haine et la discorde dans nos campagnes canadiennes. On mit la police sur la piste de tous ceux qui avaient pris une part directe ou indirecte à l’insurrection ; on les traqua avec une persistance incroyable ; on mit leurs têtes à prix. Ceux qui furent arrêtés furent punis par la mort sur le gibet,