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est arrivé, et je vous conseille de mettre de côté vos plats et vos cuillers pour en faire des balles.

Il fut donc résolu de résister aux mandats d’arrestation et chacun se prépara pour la lutte. On rassembla tous les vieux fusils des paroisses environnantes et ceux qui ne purent se procurer d’armes à feu, s’armèrent de fourches, de faux et de bâtons. Les patriotes de Contrecœur avaient établi un courrier quotidien avec leurs camarades de Saint-Denis et de Saint-Charles, et l’on s’attendait chaque jour à recevoir le signal du combat. Nous redoublions d’ardeur et nos hommes, quoique mal armés, se sentaient de force à rencontrer l’Anglais.

Le courrier de Saint-Denis qui nous arrivait généralement vers les dix heures du matin, manquait à l’appel le 23 novembre. Onze heures, midi, une heure et personne n’avait encore reçu de nouvelles de Saint-Denis ou de Saint-Charles. Quelques bûcherons qui revenaient du bois, affirmaient avoir entendu le bruit de la mousqueterie et du canon. Je me rendis en toute hâte auprès du capitaine Marion et après une courte consultation, nous résolûmes de rassembler nos hommes et d’aller faire une reconnaissance du côté de Saint-Antoine, sur la rivière Richelieu. En moins d’une heure, nous avions réuni cinquante hommes et nous nous dirigions à travers la forêt pour re-