Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

belle fortune, pour se dévouer au salut des sauvages du Nouveau-Monde.

« Permettez-moi, monsieur, de vous féliciter sur la récompense méritée que reçoit aujourd’hui la bonne action que vous faisiez alors avec un cœur noble et désintéressé.

« Croyez monsieur, etc., etc.,

A. . . . B.
Ptre. Supérieur.

J’en croyais à peine mes propres yeux et je demandai au magister de me relire la lettre. Je repris, le cœur gros de bonheur, la route de ma chaumière, en songeant à la joie de ma petite femme quand elle apprendrait la bonne nouvelle.

Elle m’embrassa en pleurant ; je n’avais jamais cru jusque là que le bonheur pût faire verser des larmes.

Le village entier prit part à nos réjouissances, et tous les anciens des paroisses sud du fleuve, de Varennes à Sorel, vous raconteront encore aujourd’hui les détails de la fête qui eut lieu à cette occasion.

J’achetai une des plus belles fermes des environs, et pendant dix ans, rien ne vint troubler la paix et le bonheur de notre humble ménage.