Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cédent. Il leur avait confié certains papiers qu’il les avait chargés de remettre au premier Canadien-français qui paraîtrait digne de confiance au chef de la tribu.

Aidé de ces pauvres sauvages, dont la douleur faisait mal à voir, nous rendîmes les derniers devoirs religieux aux restes du saint homme, en lisant sur sa fosse le service des morts qui se trouvait dans le livre de prières que ma mère avait placé au fond de mon sac de voyage.

Le chef me remit ensuite les papiers du missionnaire, lesquels se trouvaient enfermés dans une forte écorce de bouleau et étaient adressés au supérieur des Sulpiciens, à Montréal. Il me transmit de plus, de vive voix, l’ordre du défunt, de ne jamais les remettre à âme qui vive, si ce n’était au supérieur lui-même en personne, ou en cas de grand danger pour ma vie, à un homme en qui j’aurais la plus grande confiance.

J’acceptai l’obligation, sentant que je rendais un service probablement très important à celui qui était venu sacrifier sa vie à la conversion d’une tribu barbare du Nord-Ouest.

Qui sait ce que cachait de sacrifices et d’abnégation, l’histoire de cet homme de Dieu que la mort était venu enlever loin de ses parents, de