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Baptisé du nom de ses fondateurs, le bourg de Lavaltrie fut jadis le lieu de résidence d’une de ces vieilles et nobles familles françaises qui émigrèrent en grand nombre au Canada vers le milieu du 17e siècle.

Le fleuve, séparé quelques milles plus haut par l’île Saint-Sulpice, se rejoint ici, et s’élargissant tout à coup, fait de Lavaltrie une pointe couverte de sapins centenaires qui forment un des sites les plus pittoresques du Canada français.

À quelques arpents du rivage, un petit îlot où le gouvernement a depuis quelques années placé un phare, ajoute ses bords verdoyants au tableau enchanteur qui éblouit les regards de tout amateur des beautés de la nature.

De l’autre côté du fleuve, à une lieue à peu près, on découvre le village de Contrecœur, rendu à jamais historique par le nom et les brillants exploits de ses fondateurs.

On voit plus bas, en suivant toujours le cours du Saint-Laurent, le clocher lointain de Lanoraie, village aussi célèbre par les luttes continuelles que ses habitants eurent à soutenir contre les féroces Iroquois.

On était à la mi-juin 1872. À égale distance, entre les églises de Lavaltrie et de Lanoraie, un canot monté par six hommes refoulait lentement