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— Mon fils Jules m’a fait part, M. Montépel, de vos sentiments à l’égard de Jeanne. Je vous connais à peine, mais comme je vous l’ai dit tantôt, les amis de mon fils sont les miens. Je vous parlerai donc avec une plus grande liberté sur un sujet qui nous intéresse mutuellement. Vous aimez Jeanne, et en brave garçon que vous êtes, vous lui avez déclaré votre amour devant son frère. Avant de me prononcer sur une question aussi délicate et aussi importante pour le bonheur de mon enfant, permettez-moi de vous demander, monsieur, si vous avez consulté votre père à ce sujet ?

— Ma foi, M. Girard, répondit Pierre, je vous avouerai franchement que je n’y avais même pas songé. Je suis d’un âge où il m’a semblé qu’il m’était loisible d’arranger moi-même mon avenir ; surtout pour ce qui regarde le choix d’une femme. Je vous dirai cependant, que mon père et moi, nous différons d’opinion sur plus d’un sujet, mais que nous n’en sommes pas, pour tout cela, en plus mauvais termes.

— Très bien, mon ami ; je vous remercie de votre franchise. Permettez-moi donc à mon tour de vous dire qu’il y a peut-être dans l’histoire de votre famille et de la nôtre, des empêchements à cette union que vous paraissez désirer si ar-