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peu de patience. Nous saurons demain à quoi nous en tenir sur sa décision. Donne à notre père le temps de connaître ton prétendu et tout ira bien, c’est moi qui te le promets.

— Oui, c’est toi qui me le promets, mais ce n’est pas de toi qu’il dépend de tenir ta promesse. Tu sais que papa a toujours dit qu’il me faudrait un bon mari ; un homme selon ses vues. Et si, par hasard, il n’allait pas aimer M. Pierre ?

— Comme toi par exemple ; n’est-ce pas ?

— Oh Jules ! peux-tu bien te moquer ainsi ?

— Je ne me moque nullement, ma chère Jeanne. Crois-moi, ne va pas te faire de cauchemars inutiles. Dors en paix et espère. Pierre sera ici demain, et n’oublie pas de te faire belle pour le recevoir.

La jeune fille embrassa son frère en souriant et lui répondit :

— Dans tous les cas, bon frère, tu n’as pas moins intérêt que moi à ce que la réponse de notre père soit favorable. Si j’y gagne un mari, de ton côté, tu dois te féliciter d’avoir rencontré un bon ami.

— Tu as raison, Jeanne. Pierre est un brave cœur et il n’y a que le titre de frère qui puisse me faire oublier auprès de lui, son ancien titre d’ami. Maintenant petite sœur, retirons-nous pour la nuit.