Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La cloche tintait le dernier appel, lorsque la famille Montépel descendit devant le portail de l’église.

Pierre assista d’une manière distraite à la messe du dimanche. Le sermon du curé lui parut long et ennuyeux, tant il avait hâte de reprendre la route de la ferme, pour se diriger ensuite vers Contrecœur. La messe terminée, il fallut encore attendre le bon plaisir du fermier qui aimait à causer avec ses connaissances de la paroisse. La causerie parut bien longue au jeune homme qui brûlait d’impatience, et qui répondait à peine aux bonjours de ses camarades qui venaient lui serrer la main. La mère observait du coin de l’œil les manières agitées de son fils, et se disait tout bas qu’il devait y avoir, quelque part, une raison pour sa conduite étrange.

Le père Jean-Louis donna enfin le signal du départ et la voiture roula sur le chemin sablonneux qui traverse le domaine de Lavaltrie. Quelques instants plus tard, la famille descendait devant la maison des Montépel et Pierre disait à la fermière :

– Bonne mère, ne m’attends pas pour dîner. Je vais à Contrecœur visiter quelques amis et je ne reviendrai pas avant ce soir, tard peut-être.

Et le jeune homme avait pris d’un pas précipité la route de la grève.