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roles, car ils regrettaient sincèrement tous deux que le moment de se séparer fût si tôt arrivé. La position devenait embarrassante et Jules avait terminé les préparatifs du départ. Pierre s’approcha instinctivement du jeune homme et de la jeune fille, et les prenant tous deux par la main, il leur dit :

— Jules mon bon camarade et vous Jeanne ma bonne amie, je crois deviner les sentiments qui vous agitent, en consultant mon propre cœur. Je regrette sincèrement les quelques jours de bonheur et d’intimité que nous avons passés ensemble. Me permettrez-vous, maintenant, de continuer les relations amicales qui nous lient par un sentiment si puissant ? Dites, Jules, serez-vous toujours mon ami ? Et vous, mademoiselle, continua-t-il en baissant la voix, aurez-vous toujours un souvenir pour celui qui donnerait volontiers sa vie pour vous causer un moment de bonheur.

Et la voix du jeune homme tremblait d’émotion. Une larme brillait sur sa paupière. Jules le regardait étonné. Tout à coup, une idée soudaine jaillit de son cerveau et s’adressant au fils du fermier :

— Pierre, vous aimez Jeanne ?

Pierre baissa la tête sans répondre. La jeune fille fondit en larmes.