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Mariez-vous, je le répète,
Vous ferez bien, soyez heureux ;
Mais ne vous pressez pas fillettes
Et vous ferez encore bien mieux.

Et le vieillard se rassit au milieu des applaudissements de ses serviteurs. Il était fier de lui-même. Il avait entendu le maître d’école citer des vers pendant ses discours, et il s’était rattrapé avec le refrain d’une chanson.

Jules Girard se leva pour répondre aux bons conseils du maître, et improvisa quelques paroles chaleureuses de remerciement et de sympathie, au nom de ses compagnons et de ses compagnes de travail. On chanta quelques refrains nationaux, et le repas fini, après avoir serré la main du maître et s’être dit mutuellement adieu, chacun reprit la route de son village. Les uns à pied suivaient la grande route qui borde le fleuve, les autres en canot se dirigeaient vers les villages voisins.

Jules Girard et sa sœur Jeanne, accompagnés de Pierre Montépel, s’étaient rendus sur le rivage. Il fallait se dire adieu. Jeanne, pâle et silencieuse, traçait avec son aviron des figures bizarres sur le sable de la grève. La pauvre enfant n’osait lever les yeux, de peur de trahir le trouble qui l’agitait. Jules et Pierre échangeaient à peine quelques pa-