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vail. Il répondait avec distraction aux agaceries des jeunes filles qui se disputaient ses sourires, et aux paroles d’amitié des hommes qui avaient appris à estimer son caractère franc et loyal.

Quand tout le monde fut payé, chacun prit place à table. Le fermier occupait la place d’honneur. Pierre était à sa droite, la fermière à sa gauche. Le père Montépel qui n’était pas orateur de sa nature savait cependant, à l’occasion, donner de sages conseils à la jeunesse. Aussi se décida-t-il à faire un petit discours d’adieux à ses employés :

— Mes enfants, leur dit-il, chacun de vous possède maintenant le fruit de son travail ; laissez-moi vous recommander l’économie et la sagesse. Aux garçons je répéterai le conseil que me donnait autrefois mon défunt père — que Dieu ait pitié de son âme. — Jean-Louis, me disait-il, souviens-toi que tu récolteras dans ta vieillesse les fruits de ta conduite de jeune homme. Sois joyeux à dix-huit ans, sérieux à vingt-cinq ans, sage à trente ans et tu seras riche à quarante ans. J’ai suivi ses conseils, mes amis, et vous en voyez aujourd’hui les résultats. Aux fillettes, je redirai le refrain d’une chanson que j’ai entendue, l’autre jour, au manoir :