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nous permettront, à l’avenir, d’entretenir les sentiments du meilleur voisinage.

Jeanne avait salué avec aisance, mais en rougissant. Pierre lui offrit sa main pour l’aider à monter dans le frêle canot d’écorce, et quelques instants plus tard l’embarcation disparaissait dans l’obscurité.

Pierre resta longtemps sur le rivage, les yeux rivés sur le canot qui s’éloignait dans l’ombre. La voix de sa vieille mère qui l’appelait pour le repas du soir vint interrompre sa rêverie, et il reprit la route de la ferme en pensant à Jules et à Jeanne Girard ses nouveaux amis.

Le lendemain, de bonne heure, Pierre sortit sous le prétexte d’aller veiller aux chevaux de travail, mais son œil distrait se portait souvent vers la surface polie du fleuve, où apparut enfin, dans la distance, le canot de Jules Girard.

Était-ce bien Jules que Pierre attendait avec tant d’impatience ? Qui sait ? Pierre n’avait encore que les sentiments d’un nouvel ami pour le frère, commençait-il déjà à éprouver un sentiment plus tendre pour la sœur ? Il ne le savait lui-même, mais il se sentait bien heureux, chaque fois que son œil rencontrait le regard pensif de Jeanne la faneuse. Son cœur battait plus vite, sa main