Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le pauvre père ému remercia vivement ses jeunes amis de cette preuve de sympathie pour la mémoire de celui qu’ils n’avaient pas connu, et Madame Dupuis et ses enfants fondirent en larmes au souvenir du cher défunt.

Le cimetière devint désormais un lieu de pèlerinage pour la famille, et les jeunes filles se firent un pieux devoir de porter, chaque dimanche, pendant la belle saison, des fleurs nouvelles pour orner le monument.

L’époque arriva enfin où Jeanne put sans danger supporter le voyage du Canada. Le père Montépel, prévenu par son fils, s’était rendu à Montréal avec sa femme pour souhaiter la bienvenue à celle qui serait bientôt leur fille, et Jeanne fut touchée de la réception cordiale qu’elle reçut dans la famille de Pierre.

La santé de la jeune fille se rétablit promptement, et il fut décidé que le mariage aurait lieu à l’occasion des fêtes de Noël et du jour de l’an. La cérémonie se fit sans éclat, par respect pour la mémoire de M. Girard et pour le terrible malheur qui venait de frapper la famille Dupuis. Le père Montépel signa, au contrat, la résignation de tous ses biens en faveur de son fils qui prendrait la gestion des propriétés, et Madame Montépel versa des larmes de joie en contemplant le bonheur et l’harmonie qui régnaient enfin dans sa famille.