— Pierre ! mon fiancé ! mon ami ! Oh ! que je suis heureuse, docteur continua la jeune fille, d’une voix douce et lente. Je ne sens plus de mal, car j’ai là, près de moi, mon frère et mon fiancé.
Et la pauvre enfant souriait en regardant tour à tour ceux qu’elle avait attendus avec tant d’impatience et d’anxiété.
Le docteur se retira en annonçant à Pierre qu’il allait les laisser seuls avec la malade pendant une heure, et en leur recommandant d’éviter avec soin tout ce qui pourrait produire chez Jeanne des émotions violentes.
— Rendez-la heureuse, car le bonheur est la meilleure médecine du monde, continua-t-il, mais comme tous les autres remèdes, il faut qu’il soit administré goutte à goutte ; une dose trop forte pourrait produire de mauvais effets.
Jeanne se trouvait enfin réunie à son frère et à son fiancé, après une année de séparation et d’épreuves terribles, et la pauvre fille, malgré le nouveau malheur qui venait de fondre sur elle, oubliait tout dans l’ivresse de la joie qu’elle ressentait du retour des voyageurs.
On causa du voyage, du retour au village, de la réconciliation de Pierre avec sa famille et des projets de bonheur que l’on avait formés pour l’avenir. Jeanne raconta l’héroïsme du pauvre Michel