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Jules était revenu peu à peu de la stupeur dans laquelle la fatale nouvelle de l’accident arrivé à sa sœur l’avait plongé, et les deux amis se firent conduire à la pension dont ils avaient heureusement retenu l’adresse. Ils firent transporter leurs malles à la gare du chemin de fer de Fall River, et ils se rendirent eux-mêmes de bonne heure, afin d’éviter toute erreur possible, au moment du départ. Six heures arrivèrent enfin, et ils montèrent en wagon au milieu de la foule des voyageurs qui causaient avec animation de l’incendie qui était devenu le sujet de toutes les conversations. Pierre s’adressa à quelques personnes afin d’obtenir de nouvelles informations, mais chacun lui répéta ce qu’il savait déjà lui-même. Plusieurs lui passèrent des journaux anglais où se trouvait la liste des morts et des blessés, mais tous les rapports s’accordaient strictement avec le compte-rendu qu’il avait lu dans « L’Écho du Canada. »

Le trajet de Boston à Fall River, par les convois à grande vitesse, se fait dans une heure et quinze minutes, et le train entra en gare au moment où l’on commençait à allumer les réverbères. Les deux amis prirent un fiacre et se firent immédiatement conduire chez Monsieur Dupuis, dans les logements du " Granite Mills. " Le cocher qui était canadien, connaissait parfaitement