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sance du malheur effrayant qui venait les frapper d’une manière cruelle et si inattendue :

( De L’Écho du Canada[1] du 19 septembre 1874.)

« Le télégraphe d’alarme annonçait, ce matin à 6 hrs. 45 m. que le feu s’était déclaré dans la " mule room " salle à filer) de la manufacture « Granite No 1. » En quelques moments, les pompes à incendie étaient sur les lieux ; mais les secours empressés de nos braves pompiers étaient déjà inutiles. L’élément destructeur s’était emparé de la tour centrale où se trouvent les escaliers, et les employés, hommes, femmes et enfants, de la " spooling room ", se trouvaient enfermés au sixième étage de l’immense bâtiment, sans moyens de sauvetage et poursuivis par les flammes qui s’avançaient avec une rapidité effrayante. L’immense salle était remplie de fumée, et tous les malheureux se portaient en foule vers les fenêtres en poussant des cris déchirants. Quelques-uns, au désespoir, brisèrent les carreaux des fenêtres et se précipitèrent d’une hauteur de 80 pieds pour rencontrer une mort horrible, en se brisant sur la terre durcie. D’autres stupéfiés par leur position désespérante, se laissèrent gagner par les flammes et furent brûlés vifs. Une foule compacte contemplait l’horrible spectacle sans

  1. « L’Écho du Canada » était alors publié à Fall River sous la direction de l’auteur.