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bornes d’une amitié bienveillante. La jeune fille qui ignorait les causes de cette réserve, n’insista pas, croyant que Michel souffrait probablement d’une indisposition physique qui le rendait taciturne, et que son retour à la santé ferait disparaître tout cela.

Les mois de juillet et d’août s’écoulèrent sans incident, et l’on se trouva bientôt aux premiers jours de septembre, époque à laquelle on attendait le retour des voyageurs. Jeanne avait continué de correspondre avec son ami le docteur, et elle avait appris avec plaisir que le père Jean-Louis Montépel s’était rendu lui-même à Contrecœur pour renouveler ses paroles de conciliation. Le vieillard, lorsqu’il avait appris que Jeanne se trouvait forcée de travailler dans la filature, avait offert de prendre la jeune fille sous sa protection, en attendant le retour de Pierre ; mais le docteur avait cru devoir décliner, en l’absence de Jules Girard qui se trouvait maintenant le chef de la famille.

On arrivait au quinze de septembre et Jeanne commençait à éprouver une certaine impatience de ce qu’elle n’avait pas encore reçu des nouvelles du Canada. Elle s’était rendue chaque soir au bureau de poste, mais l’employé qui la connaissait, lui avait invariablement répondu la phrase sacra-