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Jeanne aimait et respectait Michel comme un frère, mais la pauvre fille ne se doutait pas que l’on pût croire qu’elle pourrait éprouver pour lui un autre sentiment que celui de l’amitié la plus sincère. Aussi, se laissait-elle aller, sans coquetterie et sans arrière-pensée, à estimer celui qu’elle considérait comme un bon fils, un bon frère et un bon camarade. Michel, de son côté, sans oser s’avouer à lui-même les sentiments qui l’agitaient, se laissait bercer par le contentement que lui procurait la présence de Jeanne, et le pauvre garçon se trouvait trop heureux dans la jouissance du présent pour se laisser troubler par les problèmes de l’avenir.

Immédiatement après son arrivée à Fall River, Jeanne s’était empressée d’écrire au vieux docteur de Contrecœur pour lui faire part de sa position, et pour lui faire tenir son adresse, au cas où il aurait quelque nouvelle importante à lui communiquer. Le vieillard s’était fait un devoir de lui répondre, et une correspondance régulière s’était établie entre lui et la jeune fille. Elle recevait ainsi régulièrement des nouvelles du village natal, et elle était certaine que son vieil ami s’empresserait de donner tous les renseignements demandés sur son compte, lorsque Jules et Pierre reviendraient des « chantiers. » L’épo-