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en faveur, une mesure discréditée par l’incapacité notoire de quelques-uns et par la prévarication des autres.

Il est indubitable que l’on prêchera dans le désert, aussi longtemps que l’on ne parviendra pas à offrir aux Canadiens émigrés, des avantages supérieurs à ceux qu’ils possèdent aux États-Unis. Cette vérité est indiscutable et repose sur la comparaison mathématique que fera toujours l’homme intelligent, avant de se lancer dans une entreprise nouvelle. Pourra-t-il, en retournant au Canada, gagner chaque jour, chaque semaine, ou chaque mois le même nombre de dollars qu’il gagne dans les filatures de la Nouvelle-Angleterre ?

Voilà la question du rapatriement posée en deux lignes, et chacun sait, qu’aujourd’hui, les chiffres sont en faveur des États-Unis, quoi qu’en disent ceux qui sont payés pour affirmer le contraire. Ce n’est pas en trompant le peuple par des niaiseries sentimentales que l’on parviendra à changer les réponses implacables d’un problème d’arithmétique. On a dit aux hommes politiques du Canada : « Les Canadiens-français des États-Unis sont dans la misère et ne demandent qu’un peu d’aide pour retourner au pays natal. » Les hommes d’état ont avalé la pilule sans faire la grimace, et une loi de repatriement fut passée avec