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que l’on pouvait leur offrir au Canada était de nature à leur faire oublier ce qu’ils abandonnaient aux États-Unis. On ne paraissait pas s’inquiéter de la question des salaires, lorsque cette question forme probablement la seule base de raisonnement sur laquelle il soit possible d’en arriver à un moyen pratique de rapatriement.

Il est notoire, que les hommes politiques Canadiens ignorent généralement les détails les plus élémentaires de la vie de leurs compatriotes émigrés, et l’on propose une loi de rapatriement sans trop savoir si ce qu’on offre au Canada n’est pas destiné à être pris en ridicule aux États-Unis. Telle a été, par exemple, la dernière loi édictée par la législature de Québec, et par laquelle on a réussi à dépenser $50,000 pour ramener au pays 25 ou 30 colons, pendant que 25,000 Canadiens-français quittaient leur pays natal pour aller chercher du travail dans la Nouvelle-Angleterre. Ces $50,000 distribués avec intelligence dans les campagnes du Canada auraient produit des résultats plus encourageants. Si l’on eut étudié cette question des salaires avant de s’empresser d’établir un mode de rapatriement que chacun tourne maintenant en ridicule, on aurait peut-être réussi à éviter l’écueil d’un premier fiasco. Et chacun sait ce qu’il en coûte généralement pour remettre