lui eurent raconté les circonstances qui l’avaient forcée à émigrer. Les plus jeunes enfants eux-mêmes s’étaient attachés à l’orpheline et chacun semblait rivaliser de bonté et de prévenances pour lui faire oublier qu’elle se trouvait dans la famille à titre d’étrangère et de protégée.
Les quelques jours qui restaient aux émigrés avant de se mettre au travail furent employés à renouer connaissance avec quelques familles de Contrecœur qui les avaient précédés dans l’exil et qui s’empressèrent de donner aux nouveaux venus toutes les informations désirables. M. Dupuis lui-même s’adressa au gérant de la filature « Granite » où son fils avait fait les arrangements préliminaires, afin de s’assurer dans quelles conditions ses enfants commenceraient à travailler. Il fut décidé que les deux filles les plus âgées, Marie et Joséphine entreraient comme apprenties dans le département du tissage, pendant que Philomène, Arthur et Joseph assisteraient aux cours des écoles publiques pendant le terme prescrit par les lois. Jeanne serait admise dans la salle du filage où se fabriquait la chaîne des tissus sur les métiers à travail continu (ring frame spinning), et M. Dupuis lui-même serait employé dans le hangar au coton où se fait le déballage de la matière brute, avant de la soumet-