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détails les plus importants du ménage, en attendant que les salaires réunis de la famille eussent produit les fonds nécessaires pour faire face aux dépenses courantes.

Jeanne, grâce à la bonté toute paternelle de son protecteur et aux égards bienveillants de madame Dupuis et de ses enfants, se trouvait dans un état relativement confortable. Les incidents du voyage avaient eu pour effet de la distraire un peu, et d’éloigner de son esprit malade le souvenir des terribles épreuves qu’elle avait eu à supporter. La jeune fille souffrait encore physiquement des fatigues de la dernière quinzaine, mais elle secouait peu à peu la torpeur dans laquelle elle s’était laissée tomber après la mort de son père. Tout faisait espérer que la vie active de l’ouvrière lui ferait oublier, dans une certaine mesure, ses douleurs et ses peines, et que sa santé robuste aurait promptement raison de sa faiblesse passagère. L’amitié expansive de ses nouvelles camarades qui la traitaient comme une sœur, avait touché profondément la pauvre Jeanne, et son cœur qui avait tant besoin de consolation se laissa bercer doucement par les sentiments de cette affection douce et tranquille. Le fils aîné qui était un brave garçon s’efforça, de son côté, d’être agréable à la jeune fille, lorsque ses sœurs