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trop orgueilleux pour faire le premier pas vers une réconciliation mutuelle.

Quinze jours plus tard, Pierre avait fait ses préparatifs de voyage ; et après avoir embrassé son père et sa mère, il leur annonça qu’il avait décidé d’aller « hiverner dans les chantiers » avec quelques jeunes hommes des environs.

La mère était presque folle de chagrin ; le père lui-même voyait avec peine cette brusque décision de son fils ; mais l’orgueil avait encore joué son rôle dans tout cela, et Pierre partit sans que son père lui accordât le pardon de ce que le vieillard considérait comme un entêtement criminel.

Le canot s’éloigna du rivage. Les voyageurs, le cœur gros, donnèrent le premier coup d’aviron, et la légère embarcation, faisant tête au courant, se dirigea vers Montréal. Quinze jours plus tard, on était à Bytown, maintenant Ottawa, et quelques jours encore et les hardis bûcherons attaquaient de la cognée les géants des forêts du Nord.