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pour y compléter un cours d’études classiques. Le jeune homme avait fait preuve de talents sérieux et le curé du village ayant été consulté sur la question de le conduire au collège, avait répondu :

— M. Montépel, Pierre est un brave garçon, au cœur généreux et à l’intelligence vive. Donnez-lui les avantages d’une bonne éducation et soyez certain qu’il fera plus tard l’orgueil de vos vieux jours.

Pierre avait donc pris la route de Montréal et avait suivi pendant deux ans les cours du séminaire. Un incident assez simple en apparence, avait cependant brisé sa carrière commencée sous de si beaux auspices.

Le jeune homme avait rencontré sur les bancs du séminaire, une foule de camarades aux âmes nobles et aux sentiments patriotiques, qui lui avaient parlé bien souvent, en termes chaleureux, des glorieux efforts des patriotes de 1837. Pierre avait appris à honorer les noms des martyrs de l’intolérance anglaise et à maudire la mémoire de ceux qui les avaient livrés à la vengeance implacable des tribunaux tories. Pierre en un mot avait appris à détester l’anglais et à regretter la tutelle de la mère-patrie. Il savait fort bien que son père ne partageait pas ses idées à ce sujet, mais il se taisait devant le vieillard par respect filial, et il