défaite de Saint-Charles, il fut forcé de s’éloigner du village et de passer la frontière pour échapper à la condamnation des tribunaux. Ses propriétés, pendant son absence, avaient été négligées et il avait fallu faire des emprunts pour subvenir aux besoins de sa famille qui était restée au Canada en attendant de meilleurs jours. Une première somme de quelques mille francs avait été bientôt épuisée et il avait fallu recourir au moyen ruineux des hypothèques et des intérêts exorbitants. Madame Dupuis qui était une brave mère et une bonne épouse n’avait pas cependant le talent de savoir veiller aux intérêts de son mari, et l’on s’aperçut un jour que les propriétés étaient aliénées pour un montant considérable. Heureusement que le retour du mari qui avait profité de l’amnistie pour revenir au pays vint apporter un changement dans la gestion des affaires, car la ruine était à la porte. Michel Dupuis se mit à l’œuvre pour relever sa fortune prête à s’écrouler, mais en dépit d’un travail énergique et d’une économie rigide, il ne parvint jamais à effacer les traces de son absence. À peine les revenus suffisaient-ils pour nourrir et vêtir sa famille après avoir payé les intérêts des hypothèques, et cette triste position avait duré jusqu’au jour, où, à bout de ressources, il s’était vu forcé de vendre la moitié de ses pro-
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