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gnie pour défendre les droits de la couronne d’Angleterre, comme il avait défendu jadis l’autorité du roi de France.

Cette fidélité au nouveau gouvernement, de la part des Montépel, avait causé quelque mécontentement parmi les vieillards qui chérissaient encore la mémoire de la domination française. Les jeunes gens, plus violents, avaient prononcé les mots de traître et « d’Anglais » ; ce qui équivalait alors à une injure personnelle. Les caractères s’aigrirent de part et d’autre et les Montépel se rangèrent de dépit, sous la bannière des rares partisans de l’Angleterre.

Ils avaient depuis fait cause commune avec le parti tory, et l’on disait même tout bas, à Lavaltrie et à Lanoraie, que le père Jean-Louis avait trahi les « patriotes » pendant la lutte glorieuse de 37-38.

Quoi qu’il en soit, à ce sujet, il était certain que Jean-Louis Montépel avait été ce que l’on appelait alors un « bureaucrate » enragé, et qu’il s’était opposé de toutes ses forces au mouvement organisé par Louis-Joseph Papineau. Son fils unique Pierre, né en 1844, après avoir fait l’apprentissage des travaux de la ferme et avoir appris les rudiments de la grammaire française sur les bancs de l’école du village, avait été envoyé au séminaire de Montréal