ou d’aller la rejoindre. Tous ces détails furent réglés, le soir même, en présence du fermier qui promit au docteur de traiter la jeune fille comme son enfant, et le départ fut fixé pour le lundi suivant. Jeanne, en attendant, préparerait ses malles et tâcherait de louer la chaumière jusqu’au retour de son frère qui en disposerait à son gré. Le docteur s’engageait à veiller aux intérêts de la jeune fille pendant son absence, et il lui avait offert des secours d’argent qu’elle avait refusés, car les quelques dollars qui lui restaient étaient suffisants pour payer ses frais de voyage et ses premières dépenses. Il fut cependant convenu, que dans le cas où Jeanne ne se plairait pas aux États-Unis, il lui ferait parvenir les fonds nécessaires pour couvrir ses frais de retour.
Il était dix heures du soir lorsqu’elle se sépara du docteur et du fermier pour prendre la route de la chaumière, et malgré les regrets qu’elle ressentait à l’idée de quitter le village natal, la jeune fille ne pouvait qu’être reconnaissante du hasard heureux qui l’avait placée sous la protection d’une honnête famille. Elle commença immédiatement ses préparatifs de voyage, et chaque objet qu’elle touchait était pour elle une source de souvenirs qui se rattachaient aux jours de bonheur qu’elle avait passés sous la tendre tutelle de son vieux