Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le premier devoir de Jeanne fut d’aller consulter son vieil ami, le docteur, sur la ligne de conduite qu’elle devait adopter dans des circonstances aussi difficiles. Elle se rendit immédiatement chez lui et elle pria son nouveau protecteur de vouloir bien l’accompagner afin d’expliquer au vieillard les détails du voyage projeté et les chances que l’on avait de trouver du travail aux États-Unis. Le fermier s’empressa d’acquiescer à ses désirs, et comme il connaissait intimement le docteur, sa mission n’en était que plus facile à remplir.

Le vieux médecin hocha d’abord la tête quand il apprit que sa protégée avait l’intention de quitter le village, mais lorsqu’on lui eut expliqué l’impossibilité où elle se trouvait d’obtenir du travail, il se déclara en faveur d’un voyage de quelques mois aux États-Unis ; la jeune fille étant toujours libre de revenir au pays, si la vie, à l’étranger, ne lui convenait pas. Il fut décidé, en outre, que Jeanne déposerait entre ses mains des lettres à l’adresse de Jules et de Pierre et qu’il les leur remettrait, le printemps suivant, lors de leur retour des chantiers. La jeune fille enverrait de plus son adresse au docteur aussitôt qu’elle aurait réussi à trouver un emploi permanent, afin que son frère et son fiancé se trouvassent en état de lui écrire