la mort de son père, pour aller dans une maison étrangère où elle ne rencontrerait probablement aucune sympathie dans sa douleur.
La pauvre fille passa ainsi quelques jours dans un état d’irrésolution et de souffrance morale vraiment digne de pitié, et lorsque le docteur, inquiet pour sa santé, se rendit auprès d’elle pour avoir de ses nouvelles, il fut surpris de la pâleur extrême de sa protégée. Il s’informa avec bonté des détails de sa position, mais Jeanne était trop fière pour lui avouer la vérité. Elle se contenta de lui dire qu’elle ne manquait de rien et qu’il lui serait facile de pourvoir à tous ses besoins jusqu’au retour de son frère. Le docteur satisfait de ces explications lui avait recommandé d’éviter la solitude et de rechercher des distractions à sa douleur dans la société des jeunes filles de son âge. Jeanne avait souri tristement en promettant de suivre ces recommandations, car elle prévoyait qu’il lui faudrait bientôt accepter une position où il ne lui serait pas loisible de choisir ses compagnes et son genre de vie. Le médecin l’avait quittée, assez tranquille sur son compte, car il avait cru implicitement ce qu’elle lui avait dit sans se donner la peine d’aller plus loin dans ses recherches. Cette visite, cependant, avait eu pour effet de secouer l’espèce de torpeur dans laquelle Jeanne