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des serviteurs titrés de l’Angleterre, et la « canaille », comme il disait avec morgue, se trouve parfois heureuse, aujourd’hui, malgré les regrets de l’exil, de n’avoir pas à subir la honte de son passé politique.

Le flot de l’émigration grossissait toujours et les villes de Fall River, Worcester, Lowell, Lawrence, Haverhill, Salem, Mass. ; Woonsocket et les villages de la vallée de Blackstone ; Putnam, Danielsonville, Willimantic, Conn. ; Manchester, Concord, Nashua, Suncook, N. H. ; Lewiston, Biddeford, Me. ; en un mot tous les centres industriels de la Nouvelle-Angleterre furent envahis par une armée de travailleurs canadiens qui n’apportaient pour toute fortune que l’habitude et l’amour du travail. Pendant que les ministres-chevaliers du Canada participaient à la curée du pouvoir de la nouvelle confédération, les capitalistes américains érigeaient de nouvelles filatures. La Nouvelle-Angleterre était devenue un vaste atelier où se fabriquaient toutes les marchandises nécessaires aux besoins des deux Amériques. Les Canadiens-français attirés par les nouvelles merveilleuses qu’ils recevaient de leurs parents et de leurs amis, arrivèrent en masse. Ils eurent leur part de travail, furent bien payés et bien traités, et ce n’est qu’en comparant l’état du commerce et