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re et les privations, se trouvèrent tout-à-coup dans une aisance relative ; le père, la mère, les enfants travaillaient généralement dans une même filature et les salaires réunis de la famille produisaient au bout de chaque mois, des sommes qui leur semblaient de petites fortunes. On écrivait au pays : qui à un frère ou à une sœur, qui à un cousin ou une cousine, qui aux amis du village, et le mouvement d’émigration grossissait tous les jours, sans que les ministres canadiens prissent la peine de s’informer des causes de ce départ en masse des populations d’origine française ; encore moins, se seraient-ils occupés du remède à apporter à cet état de choses si préjudiciable aux intérêts de la nationalité française, au Canada. Non ! on s’occupait alors d’amalgamer dans une confédération fédérale, toutes les possessions britanniques de l’Amérique du Nord, et pendant que les Canadiens-français prenaient la route des États-Unis pour demander du travail à l’étranger, les hommes d’état prenaient, eux, la route de l’Angleterre, pour vendre au cabinet de Saint-James, pour des titres et des décorations, le peu d’influence qui restait à la nationalité française au Canada. On a placé les bustes de ces hommes-là sur l’autel de la patrie ; on a inscrit leurs noms au panthéon de l’histoire d’un parti politique, mais on a