triation qui a eu lieu, depuis quelque vingt ans, dans les campagnes du Canada français. Cinquante ans plus tard, c’est-à-dire vers l’année 1825, un autre mouvement d’émigration se fit sentir dans les paroisses situées sur la rive sud du Saint-Laurent, en bas de la ville de Québec. Ce mouvement fut produit par l’établissement des scieries à vapeur et par l’augmentation du commerce des bois de construction dans l’État du Maine. Cet état qui ressemble en tous points au Canada, par son climat et ses produits agricoles, était devenu le chantier de construction de la république américaine pour la marine marchande qui commençait alors à prendre des proportions étonnantes. Un grand nombre de familles canadiennes attirées par l’appât d’un gain supérieur, abandonnèrent les travaux de la campagne pour aller demander à leurs voisins du Maine, l’aisance qui leur manquait au Canada. La plupart de ces familles s’établirent dans les villes et les villages de Frenchville, Fort Kent, Grande-Isle, Grande-Rivière, etc., où leurs descendants habitent encore aujourd’hui en conservant plus ou moins intactes la langue et les coutumes du pays. Le voisinage des paroisses et des établissements canadiens a contribué pour beaucoup à conserver, chez ces braves gens, l’amour du pays natal.
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