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Jeanne, sans dire un mot, avait déposé un baiser sur le front refroidi de son père et s’était placée auprès du docteur pour prier avec lui. Lorsque la prière fut terminée et que le médecin se releva pour prendre congé de la jeune fille et aller avertir les voisins, il s’aperçut que la pauvre enfant s’était évanouie et que sa main pressait encore la main froide et inerte du cadavre.

Soulevant dans ses bras la forme inanimée de la jeune fille, il la déposa doucement, dans la chambre voisine, sur sa couche virginale. Quand elle revint à elle, quelques instants plus tard, elle aperçut le docteur qui sanglotait à ses côtés. Elle saisit, dans un moment, la portée du malheur terrible qui venait de la frapper et s’adressant à celui qui paraissait compatir à sa douleur :

— Mon père est mort, docteur ? N’est-ce pas l’image d’un cauchemar terrible qui me hante encore… Non !… Mon frère et mon fiancé qui sont si loin… si loin… Mon pauvre père qui est mort… et je suis aujourd’hui seule au monde… seule ! mon Dieu ! seule…


Fin de la Première partie