route de la forêt pour recommencer pour une autre saison les travaux et les périls du voyageur.
Le type est maintenant — à quelques rares exceptions près — presque entièrement disparu. La civilisation moderne, la colonisation des contrées situées au nord de l’Outaouais, les facilités du commerce et de la navigation, la vapeur ont tour-à-tour détruit ce qui restait encore de pittoresque et d’original dans le caractère du « canotier voyageur ».
Ce cachet indélibile du « coureur des bois » et de « l’homme de chantier » que l’on rencontrait si souvent dans nos campagnes et dans les rues des villes de Montréal et de Québec, est presque passé à l’état de légende.
On entend encore les vieillards raconter leurs exploits parmi les Indiens du Nord-Ouest et dans les forêts vierges de l’Outaouais, mais les enfants, maintenant, vont à l’école, passent au collège, et finissent généralement par choisir l’outil de l’artisan ou l’étude des professions libérales.
La scène que nous avons racontée, au premier chapitre, était donc, en 1872, chose à peu près exceptionnelle. Aussi l’arrivée des voyageurs dans le joli village de Lavaltrie eut-elle pour effet de rassembler le soir même, à la ferme du père Montépel, tous les amis des alentours qui se disputaient le privilège de serrer la main du fils unique qui revenait des chantiers après une absence de neuf mois.