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père qu’elle trouva assis sur son lit, gesticulant avec énergie et demandant pourquoi son fils Jules, son cher Jules, ne répondait pas à son appel. Elle essaya vainement de le calmer, mais la crise allait toujours en augmentant et le malade faisant un effort violent se dressa sur son séant, poussa un grand cri et retomba sur sa couche, épuisé, haletant et marmottant des paroles incompréhensibles.

Peu à peu ses paroles cessèrent, et le vieillard laissant tomber sa tête sur son oreiller parut éprouver comme un soulagement sensible. Sa respiration devint plus régulière et la rougeur qui s’était répandue sur sa figure disparut insensiblement. Faisant comme un dernier effort sur lui-même, il prononça d’une voix faible les noms de ses chers enfants et il sembla s’endormir d’un sommeil paisible. Jeanne priait avec ferveur au chevet du malade, lorsque le docteur fit son apparition. La pauvre fille se précipita au devant du médecin et lui dit d’une voix entrecoupée par les sanglots :

— Docteur ! mon père ! Sauvez mon père !

L’homme de science s’approcha du lit où reposait le vieillard et il s’aperçut du premier coup d’œil qu’il arrivait trop tard. Le père Girard avait été frappé par cette terrible maladie assez