Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lieu et la date de leur rendez-vous à Ottawa pour un jour de la semaine suivante et avoir échangé une dernière poignée de main, Pierre s’élança dans son canot, et quelques instants plus tard il disparaissait dans l’obscurité.

Jules reprit la route de la chaumière, le cœur gros des événements de la journée et il se joignit, en entrant, à son père et à sa sœur qu’il trouva agenouillés et priant Dieu pour le retour heureux du voyageur.

Le lendemain, de bonne heure, après avoir pris congé de ses parents et refusé les secours d’argent que lui offrait son père, Pierre se rendit au village où il s’embarqua sur le bateau à vapeur à destination de Montréal. Le jeune homme en quittant la maison paternelle avait promis à sa mère de lui donner souvent de ses nouvelles, et lorsque son père lui avait exprimé ses regrets pour tout ce qui s’était passé la veille, il lui avait répondu :

— Mon père, je pars, cette fois, parce que la voix du devoir m’appelle au travail pour soutenir celle à qui j’ai voué mon amour et ma vie. Quoi qu’il arrive, soyez cependant certain que jamais je n’oublierai que le nom que je porte est celui d’une famille honnête et respectable. Nous avons pu ne pas nous accorder sur le choix que j’avais à faire d’une compagne, mais comme vous, je me sou-