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man", ce qui me donnerait un salaire assez élevé jusqu’au printemps prochain. Vous voyez que j’avais tout prévu et que j’avais même fait la part de l’attente. Je partirai donc bientôt pour Ottawa afin d’y conclure un engagement aussi favorable que possible, et la saison finie, je viendrai réclamer la main de celle qui est aujourd’hui ma fiancée, mais que vous me permettrez alors d’appeler ma femme.

— Bien ! mon garçon ! très bien ! répondit le vieillard visiblement ému. Vous agissez, non seulement comme un homme de cœur, mais comme un homme sage et prévoyant.

Jules qui avait été témoin de cette scène, sans dire un mot, s’avança vers Pierre pour lui serrer la main et pour le féliciter de sa courageuse résolution. Le jeune homme avait souvent pensé lui-même à entreprendre le voyage des « chantiers », comme on dit au pays, et les paroles qu’il venait d’entendre produisirent chez lui le désir de se joindre à son ami pour faire l’hivernement dans les « pays d’en haut ». Pensant que le moment était favorable pour soumettre son projet, il dit à son père :

— Le départ de Pierre, mon père, me porte naturellement à penser qu’il me faudra moi-même trouver du travail pour cet hiver ; ce qui me se-