Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mariage avec votre fille. Je suis jeune, fort et plein d’espoir pour l’avenir, et puisque mon père par un sentiment que je ne me permettrai pas de discuter, se refuse à comprendre les raisons qui me portent à oublier le passé, je me vois forcé, bien à regret, de passer outre et d’entrer dès aujourd’hui dans une voie nouvelle. Je commence la vie pauvre et sans appui, mais j’aurai pour me guider et me supporter l’amour de Jeanne, l’amitié de Jules et l’exemple de vos cheveux blancs. Dites-moi, M. Girard, que vous approuvez ma conduite et répétez-moi que vous consentez à mon union avec votre fille.

Le vieillard qui avait prévu le refus du fermier de Lavaltrie, fut cependant peiné d’apprendre que Pierre s’était placé en opposition ouverte contre la volonté de ses parents. Mais son cœur noble et droit lui faisait approuver, cependant, l’attitude digne du jeune homme et sa résolution de braver seul et sans secours les difficultés si nombreuses de la vie. Après avoir réfléchi pendant quelques instants, à ce que venait de lui communiquer Pierre, il répondit d’une voix calme :

— M. Montépel, la nouvelle que vous venez de me communiquer est trop importante pour vous et pour moi, pour que je me permette de vous donner une réponse définitive, ce soir. J’approuve