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et Pierre avait accepté ce double devoir avec la fermeté d’un caractère qui ne savait pas reculer devant les obstacles, si pénibles qu’ils fussent à surmonter.

Avec sa vigueur et son habileté de canotier, le jeune homme eut bientôt franchi l’espace qui le séparait de Contrecœur, et l’étoile commençait à briller au firmament lorsqu’il toucha la grève près de la chaumière du père Girard. Après avoir mis son embarcation en sûreté, il se dirigea vers la lumière que l’on apercevait à la fenêtre et il tomba à l’improviste au milieu de la famille qui ne l’attendait pas, puisqu’il avait été convenu d’avance qu’il ne devait venir que le lendemain soir.

Après les salutations d’usage, Pierre s’empressa de faire part au vieillard du refus de son père, et de la résolution qu’il avait prise à ce sujet.

— Inutile pour moi d’ajouter, M. Girard, que je m’en tiens à mes premières déclarations, continua-t-il en s’adressant au père de Jeanne. Si pénible que soit ma position, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il valait mieux prendre une détermination finale, que de rester indécis quand mon cœur et ma raison traçaient la route que je devais suivre. Je viens donc une dernière fois, après vous avoir annoncé l’opposition de mon père, vous demander votre consentement à mon