perçois que vous avez eu la bonté de vous occuper de mon avenir en nourrissant des projets d’établissement en ma faveur. Je vous en remercie doublement, car j’avais moi-même, depuis quelques jours, songé à vous faire part de mes désirs ; ce qui me sera maintenant plus facile puisque vous avez décidé de me venir en aide. La proposition que m’a faite mon père de m’établir dans le commerce me sourit assez, mais elle ne saurait être que secondaire, car j’ai à vous soumettre une question beaucoup plus importante et de laquelle dépend probablement la décision que je devrai prendre moi-même.
Les deux vieillards se regardèrent avec surprise, car ils ne s’étaient nullement attendus à ce préambule qui promettait des développements intéressants. Pierre continua sans s’apercevoir de l’étonnement que produisait ses paroles :
— Me voilà arrivé à l’âge de vingt-cinq ans et j’ai cru qu’il m’était permis de penser non seulement à m’établir au point de vue purement matériel mais encore à chercher parmi les jeunes filles de ma connaissance une femme que j’aimerais et que je croirais digne de porter mon nom. Cette femme je l’ai trouvée, et je viens vous demander aujourd’hui votre consentement à mon mariage