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gea vers la maison paternelle pour se retirer pour la nuit.

Jeanne avait repris, le cœur gros des émotions du jour, la route de la chaumière où l’attendait son frère Jules. On causa pendant longtemps des événements qui s’étaient succédés depuis le commencement de la moisson et on fit la part belle aux amours présentes et aux espérances de l’avenir.

Inutile d’affirmer que le sommeil de Pierre à Lavaltrie et de Jeanne à Contrecœur ne fut qu’une longue suite de rêves chamarrés d’or, d’amour, et de bonheur.

Laissons les deux amants se réunir en songe, et revenons au récit plus prosaïque des faits qui ne sortent pas du domaine de la réalité. Pendant que Pierre se rendait à Contrecœur, pour demander à M. Girard la main de sa fille, il se passait, à Lanoraie, des événements qui devaient tendre à compliquer la situation d’une manière fort épineuse. Le fermier Montépel après avoir présidé au dîner du dimanche où tous les employés de la ferme sont admis à la table du maître, avait proposé à sa femme de se rendre au village de Lanoraie pour assister aux Vêpres, et pour aller visiter ensuite son ami le notaire, afin de causer du projet de mariage entre Pierre et la fille du négociant, M. Dalcour. Madame Montépel avait accepté