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mademoiselle votre fille de toute mon âme. Je sens que sans elle, je traînerais une vie malheureuse et sans but. Encore une fois je vous demande la main de mademoiselle Jeanne.

Il y eut un moment de silence pendant lequel Pierre, Jules et Jeanne portèrent vers le vieillard qui hésitait encore, leurs regards suppliants. La pauvre Jeanne, qui sentait que le bonheur de toute sa vie se trouvait en jeu, laissa échapper un sanglot étouffé ; et ne pouvant plus retenir ses larmes, elle s’élança au cou du vieillard et cacha sa belle tête sur le sein de son père qui la pressa sur son cœur.

— Eh bien ! soit ! dit enfin le vieillard, je consens à tout. Je n’ai plus que quelques jours à vivre, mes enfants, et mon cœur me dit que je ne saurais remettre le bonheur de ma fille entre de meilleures ou de plus honnêtes mains. Si j’ai hésité un instant, c’est que j’ai craint que l’inimitié du passé n’ait laissé des traces pour l’avenir, mais je crois que maintenant tout est oublié. M. Pierre Montépel je vous accorde la main de ma fille Jeanne.

— Merci ! oh merci ! répondit le jeune homme, en serrant avec effusion les mains du vieillard. Je jure, M. Girard, au nom de tout ce qui m’est sa-